La crise

La crise est un appel à l’aide que notre enfant nous lance :

Je vis une émotion intense, je  ne  suis  plus  capable  de  fonctionner,  j’ai  besoin  de  ton  aide.

Une image qui peut t’aider à accompagner ton enfant durant une crise, c’est de la comparer à un orage : C’est bruyant, ça fait peur, mais à la fin, l’air est plus léger, la tension est tombée et le ciel redevient ensoleillé.

Ton travail, comme parent, c’est de reconnaître ce développement chez ton enfant comme étant normal et de prendre l’engagement de l’accompagner et de passer par-dessus tes préoccupations, ton impatience et ton désir d’aller plus vite.

Si tu prends, dès maintenant, l’habitude de reconnaître les émotions de ton enfant et surtout de lui donner le droit de les exprimer, tu vas contribuer évidemment à éviter plusieurs crises. Mais mon principal objectif avec cette classe, c’est que tu découvres tout le potentiel de connexion avec ton enfant que représente une crise.

Donc, l’objectif principal n’est pas de les éviter, mais d’apprendre à bien les vivre avec ton enfant.

Pour jouer efficacement ton rôle d’accompagnateur, en plus de reconnaître les émotions de ton enfant, tu vas le guider avec fermeté (c’est-à-dire, poser des limites claires, avec confiance). C’est la base pour offrir l’attention dont ton enfant a vraiment besoin lors des moments de défiance et de crises.

Observe la différence

Poser une limite ferme, c’est surtout une question de confiance et pas tellement une question de mots que tu vas employer. Observe la différence entre ces interventions qu’un parent pourrait faire auprès de son petit, qui s’apprête à lancer un objet.

  1. Je t’ai dit d’arrêter de lancer tes jouets. C’est quoi que tu ne comprends pas là-dedans. Si tu continues, tu vas aller faire dodo.
  2. Maman te demande d’arrêter de lancer les jouets. Mathis n’a pas le droit de lancer. Les jouets, ce n’est pas fait pour être lancé et ça peut les briser ou faire mal.
  1. Je ne veux pas que tu lances tes jouets. Ça fait trois fois que je te le dis, arrête de lancer (et ne rien faire pour aider l’enfant).

Et maintenant, voici une réponse qui va réellement aider l’enfant :

 

  1. Ok, je vois que tu veux lancer tes Je vais t’aider à arrêter en tenant ta main et à les ranger.

C’est ce genre de phrase et de présence auprès de ton enfant qui vont réellement l’aider à bien agir. Et remarque comment le message passe mieux et est plus direct quand la mère utilise le «JE» au lieu de dire «maman». C’est une excellente habitude que je t’incite à prendre dès maintenant : Parler de toi au «JE» quand tu t’adresses à tes enfants.

Être consciente que ton enfant, ce qu’il recherche, c’est ton attention, oui, et surtout ta fermeté pour l’aider et le guider à bien agir. Tu dois lui offrir concrètement ta fermeté et ça implique souvent une intervention physique et un déplacement pour être très près de l’enfant quand tu interviens.

La gestion physique de la crise

Parfois, la crise nécessite qu’on intervienne physiquement avec notre enfant. Surtout quand on commence à pratiquer cette autre façon d’accompagner les crises (sans les automatismes).

Exemple

Un matin, j’ai dû intervenir très fermement avec mon fils. Il voulait jouer sur le cellulaire de son père avant de faire un devoir.

Je lui ai demandé plusieurs fois de m’amener le téléphone, il ne collaborait pas. Je me suis levée. Il a voulu se sauver. J’ai levé le ton et je l’ai retenu par le bras : «Non, je ne vais pas courir après toi!»

Et j’ai pris le téléphone.

Ça faisait très longtemps que je n’avais pas du intervenir comme ça (sur le bord de vraiment me fâcher). Et j’ai rapidement su pourquoi en faisant une prise de conscience et un lien avec le volet professionnel de ma vie.

Quand je vis un stress, un de mes automatisme c’est d’être TRÈS FERME, sévère et rigige.

Bref, il a pleuré quelques minutes mais il a fait ce que j’ai demandé. Et comme j’avais été capable de ne pas aller dans mon cerveau rouge et de canaliser mon énergie (comme si je me disais : ça va me demander beaucoup d’énergie dans les prochaines minutes mais si j’y arrive, je sais que ça va m’en prendre beaucoup moins à moyen terme), il a collaboré

Probablement que si j’étais allée tout près de lui pour lui demander un câlin, il aurait accepté.

C’est ce que j’appelle aller au bout de la situation. Ce n’est pas agréable. Mais il faut comme aller au bout pour montrer que c’est nous qui a le pouvoir.

Quand on le fait et qu’on est dans notre cerveau rouge, c’est là qu’ils ont peur de nous.

Quand on le fait et qu’on reste calme (ferme, avec la menace ou la punition en moins), ils acceptent de coopérer parce que c’est ça qu’ils cherchent.

C’est aussi ce que j’ai fait quand mon fils ainé était plus jeune et que j’ai commencé à apprivoiser les crises. Les grosses crises où tous les deux, on finit épuisé. Comme un combat de lutte gréco romaine…

Au début, quand on veut se pratiquer à aller au bout de la crise, il se peut qu’on doive intervenir très physiquement et contenir notre enfant. Le forcer à rester dans nos bras. Même chose pour le dodo. Plusieurs fois, j’ai dû mettre mes jambes sur mon fils, quand il était plus jeune, pour qu’il reste couché dans le lit.

Mais dès qu’on arrive à maîtriser l’art de rester calme à l’intérieur et de puiser dans notre fermeté et notre solidité à l’intérieur de nous, ces interventions physiques sont de moins en moins nécessaires.

Plus tu es relaxe et confiante, plus ton enfant le sens et peut lui aussi se détendre.

À partir de ce moment-là, il obtient le sentiment de sécurité et une indication claire de la limite recherchée et donc, le comportement de pousser la limite devrait cesser.

Maintenant, tu peux sûrement facilement te rappeler une situation que tu as vécue dernièrement avec ton enfant où il pousse le défi encore plus loin en faisant quelque chose d’interdit. Il te regarde dans les yeux, peut-être même avec un sourire. Il se sauve quand tu veux l’habiller ou laver son visage, il fait exprès pour se tourner quand tu veux lui mettre sa couche, il refuse de te donner la main pour traverser la rue ou il se sauve systématiquement quand tu sors du magasin pour aller à l’auto.

Difficile de ne pas le prendre personnel et ne pas penser qu’il fait par exprès.

Et bien justement : Oui, il le fait par exprès! Dans ce cas où il te teste, ton enfant est probablement en train de chercher encore plus clairement la limite, parce qu’il ne la trouve pas.

Non seulement, il fait une chose interdite, mais en plus, il s’assure que tu es en train de le regarder. Comme s’il te disait : Cette fois-ci, est-ce que tu vas pouvoir  clairement  me  démontrer  où  est  la  limite?  Ou bien: Si  je  le  fais  encore,  est-ce que ce sera la même réponse que tantôt? Je veux vérifier pour voir…

Il veut valider ta demande, ce que tu attends de lui, ou confirmer la limite. Et oui, à ce moment précis, ça va te demander un effort supplémentaire pour avoir cette attitude de Maman Ourse et poser clairement ta limite.

C’est aussi pour cette même raison (vouloir obtenir une limite claire) que les enfants vont souvent répéter un comportement non désiré, juste après qu’on vienne de leur dire non. Ils ont besoin d’une confirmation et la meilleure façon, c’est de refaire le geste «interdit» et voir si ta réaction sera la même.

Et ça prouve que la meilleure façon d’apprendre, c’est vraiment par l’expérimentation.

J’ai été témoin dernièrement d’une scène entre une maman et son petit garçon de trois ou quatre ans à la bibliothèque. Elle venait tout juste de lui dire, un peu bête:

«On ne court pas à la bibliothèque ». Immédiatement, le petit garçon s’est emporté et s’est mis à marcher plus rapidement, vraiment pour faire exprès! Alors la mère s’est fâchée encore plus et lui a répété encore plus rudement, probablement avec la menace au bout qu’ils allaient partir s’il n’écoutait pas.

Quand tu t’emportes, c’est l’effet inverse que tu obtiens : Un enfant plus insécure qui cherchera encore plus ton attention. À partir du moment où tu seras véritablement capable de garder ton calme et de le prendre comme une demande à l’aide pour bien agir et non plus comme une provocation, une grande partie du travail est faite.

Devant toute cette liste de raisons qui pousse un enfant à défier ou faire une crise, c’est clairement ridicule de prendre les comportements de ton enfant de façon personnelle. C’est simplement injuste d’assumer que nos enfants prennent des décisions en utilisant un cerveau totalement formé et fonctionnant parfaitement, pouvant voir le monde comme nous le voyons. Par contre, c’est malheureusement ce qu’on fait la majorité du temps.

Alors, soit on le confronte parce qu’on se sent frustrée, fâchée ou impatiente, soit on descend au niveau de notre enfant et on ressent l’envie de se venger, d’attaquer à notre tour, d’exploser, et même de crier ou de frapper (bref, on se retrouve dans notre cerveau rouge).

Au contraire, chez certains parents, c’est la peur de confronter qui ressort devant les comportements difficiles et peut-être que c’est ton cas. Ils hésitent, ils négocient, ils s’attendent à ce que l’enfant soit plus raisonnable qu’eux, ils laissent tout passer, ils se sentent dépassés.

Et ça, c’est triste parce que ce n’est jamais à l’enfant de jouer le rôle du parent.

Le danger, à force de réagir de ces deux façons à long terme avec ton enfant, c’est qu’une simple expérience de défiance ou qu’une crise temporaire deviennent un problème de comportement chronique, un pattern de communication où l’enfant, tout ce qu’il ressent, c’est ton insécurité. ET c’est la dernière chose dont il a besoin! Et la conséquence, c’est de se retrouver avec un enfant insécurisé ou tout-puissant qui, dans les deux cas, malheureusement, aura tendance à tester et pousser les limites pour retrouver sa zone de sécurité, autrement dit, sa joie d’être enfant.

Étude de cas avec Lyne

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