La colère

Quand ton enfant cherche ta limite, il veut provoquer l’occasion d’être encadré. Évidemment, c’est inconscient et c’est exactement comme ça qu’il est programmé, que tu le veuilles ou non. Tester la limite fait partie de son développement, comme apprendre à parler et marcher.

Et moins tu vas faire un drame quand il teste ta limite, parce que tu sais que c’est normal, que c’est sain et que c’est ta job d’y faire face, moins il devrait y avoir de défiance. Et je vais t’expliquer comment moi, j’arrive à mieux faire ce travail un peu plus tard dans ce Module.

Pour le moment, je continue avec un peu de théorie pour te dire que chez les bambins comme chez les ados, à chaque phase de développement de notre enfant en fait, le plus grand besoin, c’est de devenir de plus en plus lui-même et de s’affirmer. Sa principale façon d’y arriver, c’est de dire NON à tout. Et ça, tu le sais déjà.

Mais peut-être que, comme moi quand j’ai eu mes enfants il y a plusieurs années, ce que tu ne sais pas, c’est l’importance que prend la crise, et surtout la façon dont tu vas la gérer, pour aider ton enfant à devenir une personne à part entière.

Isabelle Filliozat propose une très belle image pour mieux comprendre l’importance chez un enfant de dire non, d’exprimer sa colère et par le fait-même, de faire des crises. Parce qu’en fait, une crise, c’est juste un très, très gros non. C’est cette image qui m’a le plus aidée à comprendre et accompagner les crises.

Avec ce image, j’ai compris que cette colère qu’on vit comme être humain, ça nous sert à refuser l’injustice, à ne pas accepter ce qui pourrait nous causer un sérieux problème et même menacer notre survie.

Voici cette image.

Imagine que tu as un accident avec ton auto. La carrosserie absorbe le choc et s’enfonce. Pour la réparer, pour qu’elle demeure fonctionnelle, tu vas chez le garagiste qui va la débosseler et la remettre en état de fonctionner.

Imagine maintenant un cercle parfaitement rond. Et maintenant, imagine qu’une blessure, qu’une frustration, qu’un sentiment d’injustice ou qu’une grosse colère vienne enfoncer une partie du cercle. Imagine maintenant que ce cercle, c’est un enfant.

Pour redevenir fonctionnel et rétablir son intégrité, pour se débosseler, le moyen dont dispose l’enfant, c’est la colère. La colère va permettre au cercle ou à l’enfant de revenir complètement rond et intact. C’est une question de survie et d’instinct. Et les enfants, en plus d’être experts du moment présent et du jeu, ils sont aussi des génies de l’auto-guérison.

Ils expriment leurs émotions au fur et à mesure qu’elles montent et ils peuvent aussi créer eux-mêmes des situations où ils pourront évacuer celles qui sont refoulées.

Et ça, c’est merveilleux.

Si on ne permet pas à l’enfant d’exprimer sa colère, si on ne la reconnaît pas, si elle n’a pas de place pour exister, alors l’enfant peut difficilement retrouver son intégrité. C’est ce qui cause éventuellement les blocages émotionnels plus tard dans notre vie d’adulte et par exemple, la difficulté pour plusieurs personnes à exprimer ce qu’elles pensent et ressentent vraiment.

La colère chez l’enfant est donc une émotion essentielle à sa survie, elle fait partie de son développement et lui permet de grandir et de définir son identité.

Pour le moment, je veux simplement que tu comprennes combien une crise est non seulement souhaitable, mais bénéfique pour l’enfant.

On entend souvent que toutes nos «bébittes» naissant dans l’enfance. J’y crois.

Je crois aussi que si on arrive à mieux accompagner les crises, donc les émotions de notre enfant, qu’on lui donne une longueur d’avance sur la gestion de ses futures «bébittes», donc sur la gestion de ses émotions.

Puisque le cerveau de l’enfant est encore immature, il se retrouve souvent dans son cerveau rouge lorsqu’il vit une émotion intense comme la colère (ou encore la tristesse et la joie) et puisqu’il n’a pas la maturité pour gérer seul cette émotion, il a besoin de notre aide.

La meilleure façon de l’aider, c’est de l’accompagner au bout de la crise, apprendre à vivre avec cette grande tension et ne plus en avoir peur. Ne plus avoir peur de la crise, de notre enfant, ni de notre comportement devant la crise!

Arrêter d’avoir peur de la crise. Arrêter de penser que si tu gagnes, si tu évite la crise ou que si ton enfant ne fait pas de crise, il sera un être humain plus heureux. C’est faux! Tu dois respecter son droit à la crise, et plutôt lui enseigner comment la vivre (c’est-à-dire nommer l’émotion).

Je t’explique comment y arriver plus concrètement en te parlant, pour la suite, de la crise comme telle.