L'attention
Maintenant voici en résumé les étapes pour offrir cette attention précise dont ton enfant a besoin quand il teste la limite, quand il te cherche, quand il est défiant, quand il est en crise :
1) Prendre conscience de ton Prendre conscience que ton enfant a besoin d’aide. Il a besoin d’aide, c’est ton rôle de l’aider. Tu dois d’abord transformer ton attitude face à ton enfant et ne pas prendre son comportement de façon personnelle. Plus tu restes neutre, plus tu es utile pour ton enfant, plus il se sent en sécurité.
2) Exprimer ton attente Refuser de faire un drame avec la situation et garder ton calme. Ça permet à l’enfant de relaxer lui aussi en se disant que c’est toi le parent, que tu es en contrôle et que tout est OK.
Et si le comportement de défiance se transforme en crise, tu vas à ce moment:
3) Nommer avec fermeté. Nommer l’émotion de l’enfant (tu as beaucoup de peine parce que… ou tu es très fâché à cause…).
4) Passer à l’action. « Tu es tellement fâché que tu veux me frapper, alors je vais tenir tes mains pour t’aider. Tu es tellement fâché que tu cries, alors je vais te prendre très fort dans mes bras pour t’aider à te Tu es tellement fâché, alors je vais juste rester près de toi pour t’aider à te calmer. Je reste à côté de toi tant que tu as besoin de pleurer. Je vais tenir tes jambes pour que tu ne me frappes pas. »
Devenir la mère qu’on désire être et se trouver bonne, c’est développer cette attitude dans les moments difficiles : Être capable de transformer un moment de crise, un moment difficile en un moment de connexion, en un moment de grâce.
Et pour y arriver, tu dois choisir consciemment qu’à ce moment précis, ta priorité, c’est ton enfant. Et oui, ça peut vouloir dire arriver en retard à la garderie, manquer le début d’un spectacle, être gênée à l’épicerie et commencer le souper 10 minutes plus tard.
Mais plus tu vas y arriver, moins les crises vont être fréquentes, longues et intenses. Et je peux t’assurer que dans quelques années, tu vas te féliciter d’avoir osé adopter cette approche et tu vas en récolter les fruits.
Je termine en te donnant deux exemples de ce à quoi ça peut ressembler, quand on décide de changer notre attitude et de connecter avec notre enfant (Maman Feu) quand il fait une crise. Le premier exemple, je l’ai vécu moi-même avec mon fils et le deuxième, c’est une cliente qui me l’a raconté par courriel:
C’est en fin de soirée. Roméo (qui a 5 ans) revient de l’épicerie avec son père et on a acheté des choses pour un pique-nique qu’on prépare avec des amis pour le lendemain et qu’on ne veut pas manger ce soir.
Évidemment, Roméo veut manger tout ce qu’on doit garder pour le pique-nique. Il veut telle chose et on lui explique que c’est non. On valide, c’est ton fromage préféré, t’aimerais ça manger du fromage, mais on doit le garder pour demain.
Mon chum et moi, nous essayons d’intervenir au mieux (on marche un peu sur des œufs). Je décide alors de me lever. Je m’en vais tout près de lui et je me mets à genou. Il était dans la cuisine. Il pleurait vraiment et il répétait ce qu’il voulait et c’était vraiment des pleurs intenses. Je lui dis : «Moi, je vais rester avec toi, jusqu’à temps que tu arrêtes de pleurer parce que je le sais que t’as beaucoup de peine».
Et là, en une fraction de seconde, il a laissé tomber le croissant qu’il voulait manger et qu’on avait accepté de lui donner, il s’est assis sur moi et il a croisé ses petits bras sur sa poitrine. Il avait l’air tellement fâché, mais dans la seconde où je lui ai exprimé clairement que je respectais, que je nommais qu’il avait tellement de peine, et que je lui disais clairement que j’allais rester avec lui, tout le temps qu’il allait pleurer, il a cherché le contact, il s’est assis sur moi et il a arrêté de dire non, je veux pas!
Vraiment, ça a arrêté dans la seconde et l’effet ricochet, c’est que mon fils plus vieux (qui avait douze ans à l’époque) était là, il assistait à la scène et il a même proposé à Roméo de faire un petit jeu avec le croissant qu’il venait de se ramasser par terre. Donc ça a même eu un effet positif sur le plus vieux qui me sentait en charge, en contrôle de la situation. Le stress est tombé pour lui aussi et il a pu se mettre en mode jeu, instinctivement, pour amuser son petit frère.
Pour moi, c’est une façon de me dire : « Maman, merci de bien t’occuper de mon petit frère et de moi. »
Et voici maintenant l’histoire de ma cliente :
Bonsoir Sonia, je voulais absolument te raconter ce qui m’est arrivé ce matin. C’est comme une révélation, une bénédiction 🙂
Ce matin, nous étions dans la portion de la routine qui pose le plus de problème à mon fils présentement: se préparer à sortir de la maison. Je m’étais occupée du bébé, et elle était à ses affaires et calme. C’est alors que j’ai du rattraper Henri, qui se sauvait toujours plus loin sous le prétexte qu’il ne voulait pas sortir. Je l’ai pris dans mes bras, contre son gré, en lui disant que je ne pouvais pas courir après lui… et il m’a frappé.
– Henri, on demande pardon.
– Non! Pas pardon!
Sa réponse résonnait comme si son geste était tout à fait justifié. J’étais tout à fait calme. Je lui ai répété plusieurs fois qu’il était très fâché ce matin. Je lui ai proposé un câlin, qu’il a refusé. Toujours en crise, il a ouvert le dialogue. Il ne voulait pas aller chez Nathalie, la gardienne.
-Je ne peux pas te laisser ici.
-Grand-papa et grand-maman!
-Je ne peux pas te laisser chez grand-papa et grand-maman.
-Avec maman!
-Je travaille au bureau aujourd’hui…
-Au bureau avec maman?
-Je ne peux pas t’emmener avec moi au bureau… Tu aurais voulu qu’on passe du temps ensemble?
-Oui…
A ce moment là, des sanglots devaient encore sortir, mais le calme s’est installé. J’étais parfaitement calme et disponible (merci au bébé qui faisait sa p’tite affaire et qui s’est fait oublier). Il a fini par essuyer ses larmes, et a dit ‘pardon’ (pour s’excuser de m’avoir frappé) et m’a ouvert ses bras. On s’est fait le plus beau câlin du monde.
J’ai retrouvé mon garçon.
Pour ma part, c’est une franche réussite. J’ai décidé de faire passer mes enfants avant mon travail. J’ai décidé de donner du temps à mon fils plutôt qu’à mon employeur. Cette pensée m’a permise de me rendre totalement disponible.