La chicane

Quand la chicane éclate et qu’on n’a pas réussi à prévenir, que ça en vient aux coups, voici la méthode que je te propose pour limiter les dégâts. Et rappelle-toi que les enfants qui se chicanent sont en train de te lancer un cri d’alarme qui ressemble à « ​S’il te plaît, arrête-nous!​ ».

Voici comment tu vas faire :

Premièrement, tu vas commencer par décrire très rapidement ce qui se passe :

« Je vois un frère très fâché qui veut frapper sa petite sœur » ou « Tu cours après ton frère parce que t’es vraiment fâchée ».

Deuxièmement, tu vas fixer la limite :

« C’est dangereux et ça nous prend une pause. »

Troisièmement, tu vas les séparer :

« Toi, va dans le salon et toi, dans ta chambre. »

Avec des enfants plus vieux, ma version courte pourrait ressembler à ça:

« Je ne peux pas vous laisser ensemble, parce que vous vous faites mal. Je ne veux pas que vous soyez dans la même pièce. »

Ce que je fais aussi parfois, c’est de me mettre physiquement entre les deux pour éviter qu’ils se touchent.

Dans l’auto, ça peut aussi être une bonne idée de ne pas les laisser s’asseoir un à côté de l’autre si tu sens que la soupe est chaude, dépendamment du format de ta voiture, évidemment. Moi, j’étais bien contente à partir du moment où les deux plus grands ont commencé à pouvoir s’asseoir en avant, ça me donnait un peu de marge.

Quand les enfants n’en sont pas encore aux coups, mais que tu sens que ton énergie est en chute libre, ce qui peut être utile aussi c’est de demander une trêve.

J’ai entendu une amie, maman de 4 enfants, leur dire ceci : « Ok, j’ai besoin d’une trêve ».

Je me suis dit, ben oui, on peut faire ça! Souvent, c’est le mieux qu’on peut faire sur le moment pour limiter les dégâts, éviter de dire des choses qu’on va regretter et ça te donne aussi du temps pour te calmer et trouver une solution.

Faire cesser les attaques

 

Quand une dynamique s’installe dans la famille ou quand un enfant s’attaque souvent à un autre, rappelle-toi que c’est une alarme qui sonne ou un petit drapeau rouge qui se lève : l’enfant qui agresse a besoin d’aide pour se sentir bien et tu dois être capable de passer par-dessus ton exaspération pour aller mettre le doigt sur le réel besoin.​

L’idée, ce n’est pas de mettre en retrait ou de forcer l’enfant à s’excuser, parce que selon moi, ça ne va qu’accentuer le ressentiment de ton enfant.

L’idée, c’est de donner à l’enfant agresseur le message que, même si les actions doivent être limitées (c’est-à-dire que frapper n’est pas toléré), toutes les émotions, elles, sont permises. C’est fondamental pour que l’enfant apprenne à gérer ses émotions et son comportement.

Sinon, on refoule l’émotion et l’enfant aura de nouveau besoin de l’exprimer et oui, ce sera encore avec un autre comportement indésirable, comme l’agression du plus petit.

Pour comprendre comment tu vas réussir à gérer ce genre d’agression et commencer à te pratiquer, voici deux exemples.

Un premier avec deux enfants, un de trois ans et l’autre de 15 mois. Puis un deuxième exemple avec des enfants de 10 et 12 ans.

Voici comment on peut intervenir pour aller nommer l’émotion quand un enfant plus vieux s’attaque à un plus petit.

Dans ce cas-ci, un petit garçon s’en prend à sa petite sœur.   Après avoir constaté qu’Henri (4 ½ ans) a poussé Sophie (15 mois) par terre à cause d’un conflit de jouet, voici comment la maman intervient.

« Ça fait mal à ta sœur quand tu la pousse.»

« Oui… C’est un bébé lala. »

La mère ne prend pas à ce piège. Elle s’assoit à côté d’Henri sur le plancher et fait un contact visuel avec lui et lui dit :

« Tu étais fâché après elle parce qu’elle ne voulait pas te donner ton jouet, mais je ne te laisserai pas frapper ta sœur. »

Henri essaie de se sortir de cette situation, mais la mère insiste en se rapprochant doucement de lui et en le regardant dans les yeux.

Mère : « Des fois, tu es TRÈS fâché après ta sœur, hein? »

Henri la regarde (pour tester) : « Je la déteste. »

Mère : « Des fois, tu es tellement fâché que tu ressens de la haine. (En essayant d’aller en dessous de la colère, vers les sentiments plus vulnérables.) Je sais que tu me dis que ce n’est pas juste qu’elle puisse toujours dormir avec nous. Peut-être que tu penses qu’elle a plus de chose que toi? »

Henri (en criant) « J’ai rien! Pourquoi tu as eu un bébé?! Je ne veux plus jamais jouer avec toi! Pourquoi on ne peut pas la retourner! »

« Tu t’ennuies de comment c’était avant? »

Et par la suite, le travail de la mère est de « simplement » recevoir et accueillir la peine et de porter attention, dans les prochains jours, à offrir des moments privilégiés à Henri.

Exemple tiré du site : ahaparenting.com

Et quand les enfants sont plus grands?

Dans le cas où ce sont des enfants plus vieux, c’est exactement le même principe qui s’applique : l’enfant qui attaque l’autre ou qui le cherche a besoin d’exprimer une tension et cherche à créer une situation pour s’en décharger.

Par contre, le conflit se situe plus souvent au niveau des paroles, des regards et des sous-entendus. Ça augmente ton défi pour comprendre exactement ce qui se passe et tenter de dénouer le conflit. Étant donné que les enfants plus vieux sont moins spontanés et déjà moins dans le moment présent, il faut s’assurer que nos attentes sont réalistes; ils ne recommenceront probablement pas à jouer l’un avec l’autre dans la minute qui suit. Mais l’important, c’est de limiter les dégâts et de préserver leur relation.

Exemple​:

Nous sommes au restaurant en famille, juste avant la partie de hockey du plus vieux (12 ans) et le cours de danse de ma fille (10 ans). Pendant le repas :

Garçon (sur un ton défiant) : «Moi j’ai des games à chaque semaine. Toi, tu te pratiques toute l’année et tu fais juste un spectacle à la fin de l’année. Moi, j’ai deux pratiques et un match par semaine.»

Papa : «C’est parce que toi c’est plus compétitif,  Emmanuel.»

Fille : « Moi aussi c’est compétitif! » (Une petite graine de frustration est semée ici…)

À notre départ, voici en résumé, ce que ma fille exprime à son frère :

« Moi, je m’en vais à mon cours de danse et toi, ce n’est même pas certain que tu vas ​goaler (ils sont deux dans l’équipe et son frère aimerait beaucoup commencer le tournoi).

Garçon : « Tu le sais même pas comment ça marche, t’as pas rapport! »

Maman : « Elle t’a dit que tu n’allais pas goaler? »

Garçon : « Elle se mêle jamais de ses affaires! »

Fille : « Ce n’est pas ça que j’ai dit… »

Dans des cas comme celui-là, le mieux que je puisse faire, c’est être en mode écoute et verbaliser ce que chacun exprime. La meilleure façon pour moi de conclure, c’est d’offrir, avec l’imaginaire, une réponse au besoin ou à l’intention noble que je crois cachée derrière la frustration.

« Tu aimerais vraiment ça ​goaler, ce soir, et tu aimerais ça que ta sœur t’encourage? »

« Toi, tu aimes vraiment ça la danse et des fois tu aimerais ça qu’on y donne autant d’importance que le hockey. »

Quand une chicane ou une agression survient, je veux que tu développes le réflexe de détecter automatiquement qu’une charge émotive a besoin d’être évacuée chez un enfant, ou même les deux.​

L’idéal, c’est de les prévenir et souvent, avec les enfants d’âge scolaire, ce même besoin d’être guidé par le parent va resurgir, mais sous une forme qui va plutôt ressembler à ce que j’appelle du « picossage​ »​.

Quand un enfant à l’air de vouloir tout faire en son pouvoir pour attirer l’attention de l’autre et faire exprès pour le faire choquer.   À ce moment-là, dis-toi que le meilleur que tu peux faire comme coach, c’est d’abord d’être consciente que c’est un premier signe d’appel à l’aide que ton enfant t’envoie (et déjà, si tu arrives à avoir cette attitude, 75 % du travail est déjà fait).

Ensuite, il faudra travailler à créer consciemment des interactions positives entre tes enfants pour que la tension puisse être déchargée. Et avec les enfants, ça passe par le jeu et les contacts physiques.

Les contacts physiques et le rire stimulent la sécrétion d’hormones d’attachement comme l’ocytocine et réduisent les hormones de stress alors, quand tu vois qu’un enfant commence à « picosser​ »,​ arrange-toi pour déclarer que c’est le temps d’une bataille générale d’oreillers ou amène-les dans le salon pour les chatouiller.

Si les deux enfants peuvent rire en même temps, l’ocytocine qu’ils vont sécréter va faire disparaître la tension et aider à solidifier le lien entre les deux.

Et si l’humeur ne permet pas le jeu, ça peut juste être de dire : « Bon, on a besoin de se coller pis d’être bien, venez, on va aller écouter la télé ensemble.​ »​

C’est surtout de ta présence que tes enfants ont besoin et d’entendre une voix positive pour les guider.   Et parfois, c’est un enfant qui va t’offrir une solution sur un plateau d’argent, alors tu sautes dessus.

On se venge avec un jeu de chatouilles!

Jeu de bataille : jouer aux tigres.

Bienfaits des jeux de bataille pour décharger la tension. Et ça va t’aider, toi aussi, à recharger tes batteries si tu commences à manquer de jus.

 «La façon dont tu parles à ton enfant devient sa petite voix intérieure.​»

S’il y a un moment dans la vie de parent où n’est sûr de rien et où on peut se sentir inadéquat, c’est bien quand nos enfants se chicanent et que tout ce qu’on voudrait, c’est qu’ils arrêtent.   Alors ce Module, rappelle-toi cette phrase et surtout, garde-la en tête pour ces moments de chicanes où tu as l’impression que rien ne fonctionne. Parce que sur le coup, c’est vrai que tes interventions peuvent avoir l’air d’un coup d’épée dans l’eau, mais au moment où tu t’y attendras le moins, tes efforts vont porter fruits et tu vas te féliciter pour toutes ces fois où tu n’as pas cédé à la tentation de t’emporter et d’abandonner et que tu as fait attention à ta voix.

Les enfants, de façon naturelle, quand ils ressentent vraiment qu’on est de leur côté, qu’on comprend ce qu’ils vivent et qu’ils ont une place pour exprimer leur frustration, vont plus souvent qu’autrement vouloir bien faire.

Alors, ton travail c’est de tout mettre en place pour aider ton enfant à «bien faire» pendant une chicane. Plus il va se sentir acculé au pied du mur, plus la chicane va s’envenimer.   C’est ce que tu as appris à faire de tes parents.

Une des choses que j’entends très souvent quand je coache, c’est ce sentiment d’avoir été abandonnée par les parents quand on était petite. Quand il y avait des chicanes, que la grande sœur contrôlait tout, que le grand frère était méchant ou qu’il y avait de l’injustice. Et pourquoi ce sentiment d’être abandonnée? Parce que nos parents ne savaient tout simplement pas quoi faire quand nous nous chicanions, parce qu’ils ne l’avaient pas appris eux non plus!

Alors, ton défi de Maman Feu, c’est de te donner les outils avec ce Module pour être dans l’action et ne plus seulement subir.

Imagine-toi ce que ça donnerait si la commentatrice était découragée par le jeu des joueurs et qu’il commençait à le prendre personnel… Et non, il va simplement continuer à commenter et rester confiant que chaque équipe et que chaque joueur va trouver la volonté pour être meilleur. ​C’est cette attitude que je te demande d’avoir à partir d’aujourd’hui et le plus souvent possible quand tes enfants sont en interaction.

Et voilà, tu viens tout juste de terminer le dernier Module du programme CALMER LE FEU.

Je te souhaite tout le courage dont tu as besoin pour relever tes manches et être pleine d’énergie quand le moment de guider tes enfants arrive, pour que tu puisses vraiment sentir que tu as tout le pouvoir nécessaire pour mieux gérer les chicanes, devenir de plus en plus ​la maman que tu désires être​ et te coucher le soir, le cœur et l’esprit en paix.