La coache

Dans la majorité des cas, quand les enfants se chicanent et se cherchent, ils sont simplement en train de lever un petit drapeau rouge pour te dire : ​Youhou! On a besoin d’aide pour bien agir et trouver des solutions pour être bien ensemble.

Et très souvent, la solution, c’est simplement d’accepter de laisser ce qu’on est en train de faire et d’aller passer quelques minutes avec eux pour les coacher.

Pour leur montrer que notre priorité, c’est eux et qu’on est prête à les aider. Que leur relation est importante pour nous.   Et plus le conflit semble banal à nos yeux et qu’on voudrait tellement qu’ils le règlent par eux-mêmes, plus ils ont simplement besoin de notre présence.

Et je pense à cet exemple de la télécommande d’une de mes clientes.

Chaque fois que ses enfants revenaient de l’école et qu’ils descendaient pour écouter la télé, il y avait de la chicane pour la télécommande.   Après avoir cherché un peu la source du conflit, on en est venues à la conclusion que ses enfants avaient surtout besoin qu’elle aille les rejoindre sur le sofa en bas, qu’elle enfile son chapeau de commentatrice et qu’elle ait du plaisir à être avec eux, devant la télé, après l’école. Aussi simple que ça.

Quand il y a des conflits, les enfants cherchent souvent à nous dire :

«On a besoin de toi».

Et une façon de répondre à ce besoin, c’est d’être avec eux. Et oui, ça implique du temps et d’arrêter ce qu’on est en train de faire. Et ce n’est pas évident à faire, surtout à ce moment de la journée, au retour du travail et de l’école. On va voir un peu plus loin dans le Module pourquoi ce moment est souvent très difficile à vivre dans la famille.

Et pour être une bonne coach, ce qui te sera le plus utile, c’est ton attitude.

Alors tu vas continuer à te pratiquer à être une Maman Feu.

Quand tu ressens de l’impatience parce que tu vois une chicane se pointer entre tes enfants, tu vas prendre conscience de ton émotion, tu vas la laisser monter et au lieu de partir dans tes idées négatives et de te décourager, tu vas te rappeler que c’est à ce moment précis que tu dois prendre la décision de ne pas aller dans ton cerveau rouge, de ne pas laisser sortir les phrases telles que «Bon, encore une autre chicane, ça finit jamais, on peut jamais avoir la paix» et c’est là que tu vas passer à l’action et offrir à tes enfants la coach qu’ils méritent.

Je laisse monter l’émotion, je prends conscience, j’écoute et je décide d’intervenir de façon positive, car c’est ça ma job de mère. Je ne sais pas exactement toujours quoi faire. Mais mes enfants ont besoin de ma présence, sentir que je me préoccupe d’eux et que leur bien-être est important. Je décide d’être présente, de passer à l’action.

Et quand tu choisis d’avoir cette attitude, parce que c’est vraiment un choix, tu permets de garder un bon climat dans la maison. Et c’est ce climat qui va te permettre à toi et à tes enfants d’être créatifs dans la recherche de solution.

Par exemple, ma Colombe et mon Roméo qui se chicanaient pour la télévision. J’ai réussi à faire la commentatrice avec le classique :

«Toi Roméo, tu veux jouer à Just Dance et Colombe, elle veut écouter la télé».

J’ai choisi de ne pas m’emporter, de rester calme, même si je ne sais pas encore comment on va régler ça.

Le fait de rester calme et positive a fait que j’ai eu un flash :

«Quand papa va revenir du travail, on va lui demander d’installer la Wii en haut, sur la petite télé.»

Ça lui a suffit comme réponse et il est passé à autre chose. Je n’ai pas eu à déplacer la Wii.

C’est un exemple qui démontre que souvent, les enfants n’ont pas besoin qu’on règle le problème dans l’immédiat, mais qu’ils ont besoin d’être entendus et reconnus. Parfois, les mots suffisent, parfois c’est notre présence physique qui est aussi nécessaire.

Maintenant qu’on a parlé de l’attitude à développer pour être une bon coach, voici 3 habiletés essentielles que tu vas commencer à mettre en pratique avec tes enfants pour bien les coacher.

#1 Éviter la comparaison

La première chose que tu vas commencer à pratiquer, c’est d’éviter la comparaison. C’est, selon moi, un des réflexes de parent le plus dommageable pour la relation entre deux enfants.   Peut-être que tes parents utilisaient la comparaison quand tu es plus jeune et si je te donne quelques exemples, tu vas rapidement te souvenir et comprendre pourquoi ce n’est pas une bonne idée, que la comparaison soit négative pour toi ou même en ta faveur.

  • Imagine qu’une mère dise ceci à son fils : «Tu es un grand garçon. Tu ne laisses pas traîner tes affaires comme le bébé.» Le message que le garçon reçoit c’est qu’il est meilleur que le bébé.
  • Observe maintenant l’effet créé quand la mère dit à sa fille : «Si seulement ton frère avait tes méthodes d’études. Il est incapable de se concentrer plus d’une minute.» L’enfant se dit automatiquement «Ma mère n’a pas beaucoup d’estime pour mon frère et je suis désolée pour lui.»
  • Et qu’est-ce qui se passe si on dit à l’enfant : «Tu parais toujours tellement bien. Ta sœur, on dirait qu’elle s’habille dans le noir.» L’enfant se dit alors : « C’est moi que ma mère préfère. »

C’est vraiment inconfortable et frustrant d’être victime de comparaison et c’est une des pires choses à faire pour alimenter la rivalité entre frères et sœurs.

C’est très souvent plus fort que nous de comparer, mais pour l’amour de nos enfants et la relation entre eux que tu veux préserver, tu dois absolument arrêter de le faire. Et quand l’envie devient trop forte, par quoi vas-tu remplacer la comparaison?   Et oui on y revient, par une description. Observe ce qui se passe si je remplace les phrases de comparaison que je viens de te donner par les exemples suivants :

  • «Je vois que tu as rangé tes cubes, ton camion et même les pièces de ton casse-tête. » L’enfant se dit alors : «Le rangement, ça me connaît.»
  • «Tu as révisé cette liste de vocabulaire pendant une demi-heure!». Le message que l’enfant reçoit c’est : «Je ne lâche pas un sujet avant de le savoir à fond.»
  • «Je trouve que le bleu dans ton chandail fait ressortir la couleur de tes yeux.» L’enfant se dit : « Je suis bonne pour choisir mes vêtements.»

Peu à peu, tu vas voir que la perception que tu as de tes enfants va se transformer et comme bonus, ça évite de donner des étiquettes aux enfants et juste pour ça, c’est essentiel d’éviter les comparaisons.

#2 Comprendre que donner égal, c’est donner moins

À partir de maintenant, je veux t’aider à arriver à aimer égal, sans nécessairement donner égal.

Il y a quelques années, il y avait une jeune famille qui habitait à côté de chez nous. Deux petites sœurs qui avaient à peu près le même âge que mes deux premiers enfants, soit environ 5 ans et 2 ans. Leur mère avait pris l’habitude d’acheter toujours tout en double pour s’assurer de ne pas générer de chicane entre les deux enfants. Cette idée me semblait un peu bizarre, mais je n’arrivais pas à comprendre exactement pourquoi. Maintenant, je sais très bien que je trouvais ça étrange, parce que donner égal, c’est toujours donner moins.

Et malgré tous nos bons efforts pour donner tout de façon égale à nos enfants, que ce soit le jus dans le verre, la crêpe dans l’assiette, le morceau de gâteau ou les cadeaux à Noël, si on garde en tête que nos enfants doivent recevoir la même chose de façon égale pour sentir qu’on les aime de façon égale, ​ça ne marchera simplement pas.​ Peu importe la façon de s’y prendre, quand on cherche à donner égal, l’enfant n’a jamais le sentiment d’avoir reçu égal.

Voici un exemple pour revenir aux crêpes :

«Tu lui en as donné plus qu’à moi!»

«Non, j’ai donné trois crêpes aux deux»

«Mais les siennes sont plus grosses!»

«Non, elles sont toutes de la même grosseur»

Alors que si tu réponds à ton enfant en considérant ses besoins individuels, voici ce que ça donne :

«Tu lui en as donné plus qu’à moi!»

«Hum… As-tu encore faim?»

 «Oui… un peu»

«Aimerais-tu la moitié d’une crêpe ou as-tu assez faim pour toute une?»

Je me souviens d’une fois où ma fille m’avait demandé en revenant d’une rencontre d’école avec les professeurs : «C’était lequel ton portfolio préféré? Celui d’Emmanuel ou le mien?».

Je savais très bien que c’était un piège et que plus j’allais lui dire que j’avais aimé les deux de façon égale, plus elle allait insister pour que je choisisse. Parce que dans le fond, ce qu’elle avait besoin d’entendre, c’était que je lui dise combien je l’aime et combien je l’apprécie, en passant par le portfolio.

Alors je lui ai sûrement répondu avec une belle description pour lui montrer combien j’avais aimé regarder son portfolio et en mettant l’accent sur les qualités de son travail…

Je te donne un autre exemple, fourni par une ancienne cliente, et que j’adore raconter :

La brosse à dent

Je vais à la pharmacie avec mon fils et une amie qui est accompagnée de ses deux enfants. Nous allons acheter la brosse à dents de son petit bébé qui a maintenant une dent! Devant l’immense mur de brosses à dents, les enfants sont émerveillés. La maman achète une brosse à son bébé, mais la plus grande aussi en veut une. Après quelques supplications et une petite larme de crocodile, la maman en achète une aussi pour la plus grande.

Mon fils me regarde, il en veut une lui aussi. Je lui dis non et mon ami me dit que ca ne lui dérange pas d’en acheter une pour lui. Je regarde mon fils et je lui dis :

«Malik, tu as déjà une brosse à dents à la maison et elle est encore bonne. Quand tu en auras besoin d’une nouvelle, on va venir en chercher une.»

Il prend la brosse et la remet à sa place sans plus. Oh! Le sentiment du devoir accomplis que j’ai ressenti! Nous avons bien assimilé la notion que donner la même chose, c’est donner moins. L’important, c’est les besoins de chaque enfant. Malik l’a compris et ça nous aide à établir un beau climat entre mes enfants.

Et parfois, ce n’est pas seulement les crêpes qu’il faut que tu partages, mais toi-même…

#3 Te rendre disponible quand deux enfants te réclament

Je te donne ici une troisième stratégie, question de te rendre disponible quand deux enfants te réclament. Parce que c’est souvent difficile de faire choses en même temps quand on a plusieurs enfants.

Imagine que tu es en train d’organiser la fête de ton plus vieux et qu’il te demande :

«Est-ce que tu penses que je devrais inviter Jérémie à ma fête?»

Tu lui réponds qu’il peut bien l’inviter s’il le veut et tu lui demandes : Qui d’autre? Il commence à te nommer ses amis et là, le plus jeune arrive, il coupe la parole de son frère et dit :

«Maman, ça fait trop longtemps que tu lui parles. Je veux te dire quelque chose.»

«Ouin, on a pris beaucoup de temps… Je viens tout de suite. Manu, on va continuer tantôt.»

Le plus vieux se dit : «Je l’haïs lui» et il proteste ou te crie de te dépêcher.

Toi, tu te dis : «C’est vraiment difficile d’être à deux places à la fois.»

Et le petit se dit : « Je peux lui enlever maman quand je veux. »

Maintenant, écoute ce que ça donne quand tu donnes à chaque enfant le temps dont il a besoin pour satisfaire SES besoins.

«Est-ce que tu penses que je devrais inviter Jérémie à ma fête?»

Tu lui réponds qu’il peut bien l’inviter s’il veut et tu lui demande : Qui d’autre? Il commence à te nommer ses amis et là, le plus jeune arrive, il coupe la parole de son frère et dit :

«Maman, ça fait trop longtemps que tu lui parles. Je veux te dire quelque chose.»

«Tu as raison. J’ai passé beaucoup de temps avec ton frère. Sa fête c’est important. Il faut décider qui on invite, quels jeux on va faire, quels cadeaux il veut. C’est beaucoup de choses à organiser. Je veux bien m’en occuper. Je sais que ce n’est pas facile d’attendre. Quand j’aurai fini, tu me diras ce que tu veux, dans tous les détails. »

Le plus vieux se dit : «En plein ça!»

Et le petit se dit : «Quand j’aurai besoin d’elle, maman sera là pour moi.»

Une version plus courte que j’aime bien utiliser, c’est : «Là je parle à Colombe, mais quand je vais avoir fini, je vais t’écouter comme il faut jusqu’à la fin.»

Avec les plus petits, décrire la situation va encore pouvoir t’aider : «Tu aimerais ça que je te prenne, mais j’ai déjà le bébé dans les bras. C’est difficile d’attendre».

Dans la mesure du possible, essaie d’avoir un contact physique avec les deux en même temps, pose une main sur la tête, flatte un pied ou une joue et dis-toi que ce temps où ils sont petits va finir plus vite que tu le penses… Et dans quelques minutes, je t’explique aussi comment la proximité va t’aider à gérer les chicanes.

Un dernier truc : Essaie de ne pas aller dans ton ​cerveau rouge,​ en dédramatisant la situation ou en utilisant un peu d’humour. Tu peux dire : «Il faudrait que je sois une maman pieuvre pour m’occuper des mes enfants!» ou : «Il faudrait que je me sépare en deux pour m’occuper de mes deux enfant en même temps.»

Une fois que j’avais dit ça à Roméo…  Au parc, les deux voulait se balancer avec moi.

«Il faudrait que je me sépare en deux!»

Il m’avait répondu : «Moi, je veux la moitié d’en haut!»

Je l’avais trouvé bien drôle (preuve que je n’étais pas dans mon cerveau rouge).

:^)