Module 4

Je te propose l’outil de base pour développer ton ÉCOUTE et permettre à ton enfant d’exprimer ses émotions.

Tu peux l’utiliser chaque fois qu’il traverse une période difficile, chargée d’émotions ou de sentiments pénibles, peu importe son âge.

De cette façon, tu permettras à la connexion entre vous deux de s’établir, tu respecteras le développement de son cerveau et sa capacité à gérer ses émotions et tu préviendras l’escalade des crises et des chicanes.

Le but de ce module?
Intégrer cette idée : ce dont ton enfant a principalement besoin, provenant de toi, c’est l’accueil inconditionnel de ses émotions.

Voici ma  note audio avant d’aller plus loin.

Écouter, ça ne veut pas dire que tu le laisses faire tout ce qu’il désire. Ça veut dire que dans un moment difficile, il a besoin que toutes ses émotions soient reconnues avant de passer à autre chose, cette autre chose pouvant évidemment être un «non».

Replonge-toi dans l’exercice que nous avons fait hier. Tu vivais une expérience désagréable avec ton patron et les paroles de ton amie rencontrée à l’épicerie ne faisaient qu’envenimer la situation.

Pourquoi? Parce qu’elle niait ce que tu ressentais.

Et c’est la majorité du temps ce qu’on fait automatiquement avec nos enfants : on nie les sentiments que nos enfants nous expriment.

Avec un jeune enfant :

– Ok. C’est l’heure d’aller au lit
– Mais maman, je ne suis pas fatigué!
– Oui, tu es fatigué. Tu n’as pas fait de sieste cet après-midi. Allez, au dodo!
– Mais je ne suis pas fatigué!
– Oui tu es fatigué. Vite! En pyjama!
– Non!

Avec un enfant un peu plus âgé :

– Maman, j’ai chaud.
– Il fait froid. Garde ton chandail.
– Non, j’ai chaud.
– J’ai dit : « Garde ton chandail ».
– Non, j’ai chaud!

Avec un pré-ado :

– Cette émission-là était vraiment plate
– Non, ce n’est pas vrai. C’était très intéressant.
– C’était épais.
– C’était éducatif.
– C’était fucking plate!
– Hé! Ne parle pas comme ça!

Essaie avec les phrases suivantes. Quelle est la réponse spontanée qui monte en toi si tu entends ton enfant te dire :

– Je n’aime pas mon bébé frère.

– Ma fête était plate (alors que tu as mis le paquet pour que ce soit hot!)

– Mon appareil me fait mal… Je le porte plus. Je me fous de ce que dira l’orthodontiste!

– C’est chien! Le prof m’a renvoyé de l’équipe juste parce que je suis arrivé deux minutes en retard au gymnase.

Ça ressemble probablement à ceci :

– C’est pas vrai, ça. Je sais que dans ton cœur, tu l’aimes vraiment le bébé.

– Ben voyons! Ta fête était super : de la crème glacée, du gâteau, des ballons, des jeux. C’est ben la dernière fois que j’organise ta fête!

– Ça doit pas faire si mal que ça et avec tout l’argent que ça me coûte, tu vas le porter que t’aimes ça ou pas!

– Ben, y doit ben avoir une bonne raison pour te renvoyer. Si tu arrives en retard, il faut que tu t’attendes à avoir des conséquences!

Tu vois comme ça ressemble aux réponses de ton amie à l’épicerie? Ton enfant se sent exactement comme tu te sentais toi aussi. Et plus il est petit, plus il est dans son cerveau rouge, plus les crises risquent d’arriver!

Quand on vit un moment pénible et qu’on reçoit des conseils, des explications ou qu’on insiste pour nous faire voir le point de vue de l’autre, ça rend la chose encore plus difficile. Sans parler des questions qui nous mettent sur la défensive. Imagine pour un petit enfant qui n’est pas capable de raisonner.

Par contre, si une personne nous écoute vraiment, si elle reconnaît notre souffrance intérieure, si elle nous donne la chance de parler de ce qui nous préoccupe (comme la dernière phrase de notre amie à l’épicerie), alors notre trouble et notre confusion diminuent et nous sommes davantage en mesure de faire face à notre problème: de nous calmer.

Même chose pour les enfants.

L’écoute est la fondation de l’attitude qu’on veut développer pour être plus patiente, pour calmer le feu et désamorcer les crises et les chicanes.

NOMMER EN 4 ÉTAPES:

#1 Quand ton enfant vient vers toi en pleurant ou en chialant, au lieu d’écouter à moitié, écoute avec toute ton attention.

Arrête ce que tu fais. Tourne-toi vers ton enfant. Retiens les paroles qui pourraient nuire. Écoute.

En laissant toute la place à ce que ton enfant veut te raconter (ou tout ce qu’il veut pleurer), en retenant tes paroles. Tu seras surprise de voir comment ton enfant sera réconforté et peut-être même déjà en mode solution, par lui-même.

#2 Au lieu de questionner et de conseiller, accueille ton enfant à l’aide d’un seul mot.

Par exemple, ton enfant revient de l’école et te raconte avoir perdu son crayon. Au lieu de lui demander si elle est certaine de l’avoir perdu, de t’exclamer que ce n’est pas étonnant si elle le laisse traîner ou de la sermonner pour la 100e fois sur l’importance de garder ses choses dans son pupitre, retiens tes paroles et écoute-la seulement avec des mots comme :

– Oh…
– Hum…
– Ah oui…
– OK.

Si ton enfant ne se sent pas accusé et que tu arrêtes de lui donner des conseils, il pourra se sentir libre de chercher ses propres solutions. Et pendant ce temps, tu restes calme et tu gardes ton énergie.

#3 Au lieu de nier, nomme le sentiment!

Et si les « Ah! Oh! Hum… » ne sont pas suffisants? Si ton enfant vit une grande peine ou une colère, nomme simplement le sentiment que ton enfant est en train de vivre.

On n’a pas l’habitude de répondre de cette façon parce qu’on a peur d’intensifier la détresse de l’enfant. MAIS C’EST LE CONTRAIRE QUI SE PRODUIT. Alors quand l’enfant reçoit de l’aide pour exprimer en mots ce qu’il ressent, il se sent profondément réconforté. Quelqu’un reconnaît enfin son expérience intérieure.

Exemples:

→ Pour un enfant dont la petite tortue meurt : «Ça fait de la peine quand on perd une amie».

Au lieu de : «Pleure pas, c’est juste une tortue, on va aller en acheter une autre.»

→ Pour un bambin fâché qui veut avoir un autre biscuit : «T’es fâché, tu voudrais un autre biscuit et moi je dis non. Tu es fâché.»

→ Au lieu de : «Non, c’est assez, arrête de m’en demander. Si tu n’arrêtes pas, tu vas aller faire dodo.»

→ Pour un enfant qui a de la peine de nous voir partir : «T’aimes pas ça quand on se sépare, ça te fait de la peine. Tu voudrais qu’on reste ensemble.»

Au lieu de : «Pleure pas, maman va revenir très vite. Arrête de faire le bébé là, t’es grand maintenant».

Plus tu arriveras à mettre en pratique ces habiletés, une à la fois ou combinées, selon la situation, plus tu aideras ton enfant à se calmer, à sortir de son cerveau rouge et à utiliser ses outils lui-même en grandissant.

EXERCICE:

Le plus souvent possible, à partir de maintenant, applique cette méthode avec ton enfant lorsqu’il vit une émotion difficile. Seulement ça, c’est immense. Ça fait des années que je pratique et que je recommence chaque jour.

Donc l’idée ici n’est pas d’y arriver parfaitement : c’est impossible. Le but pour le moment, c’est de prendre conscience que cette autre façon de faire existe, d’explorer, de pratiquer et d’observer les résultats que tu obtiens avec ton enfant.

Exerce ta conscience lorsque tu n’y arrives pas en imaginant comment tu aurais pu faire à la place.

À force de pratiquer, tu seras de plus en plus conscience de la place que tu laisses à l’expression des émotions de ton enfant, de façon de plus en plus profonde et authentique.

Pour le dernier et 5e Module, je vous partage le plus utile de ma méthode.

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Ces outils sont tirés du livre « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » des auteures Faber et Mazlish.