La parole
Maintenant, voici 5 façons qui vont te permettre de répéter et de dire «non» moins souvent pour garder bien solide le lien si précieux entre toi et ton enfant.
Autrement dit : de parler pour que ton enfant écoute et d’écouter pour qu’il parle!
1. Décrire ce que tu vois ou décrire le problème
2. Donner des renseignements
3. Le dire en un mot
4. Parler de tes sentiments
5. Passer à l’action
Ces outils je les ai apprises de la merveilleuse Roseline Roy, qui est formatrice au Québec et en Europe et traductrice des ateliers Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.
Et je t’incite fortement à lire le livre du même titre (Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent — des auteures Faber et Mazlish) si tu as envie d’explorer davantage cette vision et de t’outiller pour la pratique.
Alors pour t’aider à remplacer les éternels blâmes, accusations, injures, menaces, ordres, sermons, morales, avertissements, chantages, comparaisons, sarcasmes et prédictions, je vais premièrement t’inviter à te rappeler l’exercice du Patron que tu as fait dans le Module 1. Rappelle-toi comment tu te sentais quand ton amie te donnait toutes sortes de réponses qui te faisait vivre soit de la culpabilité, le sentiment d’être incomprise, de te sentir encore plus frustrée ou fâchée ou au contraire, d’avoir le sentiment que c’est toi, qui avait fait quelque chose de mal.
1. Décrire ce que tu vois ou décrire le problème
Quand tu réponds spontanément à ton enfant ou que tu lui fais des demandes sans te connecter avant, tu risques de créer chez lui le même effet que dans cet exercice. Et tu as bien expérimenté que ce n’est pas de cette façon que tu réussis à obtenir la collaboration d’une personne. Pour transformer ces automatisme, la première chose que je te demande de faire à partir d’aujourd’hui, quand ton enfant a un comportement désagréable ou que tu veux le prévenir avant qu’il se pointe, c’est de décrire ce que tu vois ou décrire le problème.
Par exemple, si le chien doit être nourri, tu dis à ton garçon : « Manu, Spot tourne autour de son plat, je pense qu’il a faim. » Au lieu de lui dire : « Je suis encore obligée de nourrir le chien! Tu mérites pas d’avoir un animal, je le savais qu’on n’aurait pas dû en avoir un! »
Ou bien par exemple, si la lumière reste toujours allumée dans la salle de bain, tu vas dire : « La lumière est restée allumée dans la salle de bain ».
Au lieu de dire :
« Combien de fois je suis obligée de te dire d’éteindre la lumière quand tu sors de la salle de bain? »
En décrivant le problème, tu vas donner à ton enfant l’occasion de se dire à
lui-même ce qu’il faut faire et collaborer. Il sent que tu es de son côté parce que tu évites de lui dire en quoi il est fautif et qu’il peut se concentrer plus facilement sur le problème quand il est tout simplement décrit.
2. Donner des renseignements
Ce que tu peux commencer dès maintenant à faire aussi, c’est de donner des renseignements.
Par exemple, tu peux dire à ton petit de 5 ans : « Le lait devient sûr quand on le laisse en dehors du frigo. » Au lieu de lui dire : « Qui a bu du lait et a laissé le pot sur la table? ». J’ai utilisé cette habileté avec mon grand (12 ans à l’époque) qui avait laissé sa serviette sur le buffet de la salle à dîner:
Moi : Les vêtements humides, ça peut briser et faire lever le vernis sur les meubles.
Lui : Il n’y a pas de vêtement…
Moi : Oui, la serviette.
Il va la prendre et me dit en me la tendant: «Elle n’est pas vraiment mouillée». Je la prends pour la toucher et je retiens ce que j’ai envie de dire : Ben oui, elle n’est pas mouillée, mais elle est humide. Je ne dis rien pour le garder de mon côté.
Il va la porter dans le panier de vêtements sales. Parce que c’est tellement vrai qu’il est plus facile de recevoir un renseignement qu’une accusation et que les enfants qui reçoivent de l’information peuvent habituellement découvrir par eux-mêmes ce qui doit être fait. Et plus ils sont petits, plus ce sera un plaisir pour eux!
3. Le dire en un mot
Ce que tu vas faire aussi, et qui va t’économiser pas mal de salive, c’est le dire en un mot.
À partir de maintenant, tu peux remplacer les longs discours et simplement dire :
«Les enfants, vos pyjamas!»
Au lieu de dire : « Ça fait combien de fois que je vous demande de vous mettre en pyjama et tout ce que vous faites, c’est de continuer vos bouffonneries. J’avais dit qu’avant de regarder la télé, vous deviez mettre vos pyjamas et ce n’est pas encore fait! »
Ou bien : « Laurie, ta boîte à lunch! »
Au lieu de dire : « Heille, t’oublies encore ta boîte à lunch. Si tu l’oublies une autre fois je vais pas aller te la porter à l’école, je suis tannée d’être toujours obligée d’aller te la porter! »
Les enfants détestent les discours, les sermons et les longues explications alors tu coupes ça le plus vite possible! À partir de maintenant, plus le rappel est court, mieux c’est!
4. Parler de tes sentiments (ou les formules magiques)
Tu vas aussi continuer à parler de tes sentiments pour être une bonne Maman Feu. Autrement dit, tu ne fais plus de commentaire sur le caractère ou la personnalité de ton enfant, mais tu décris tes vraies réactions avec sincérité et sans blesser, parce que tes enfants ont le droit de connaître tes vrais sentiments et que souvent, c’est beaucoup plus efficace que d’essayer de les raisonner.
• Je n’aime pas ça
Par exemple, si ton enfant te tire par la manche au magasin alors que tu es en train de payer, tu lui dis : «Je n’aime pas ça me faire tirer par la manche quand je suis en train de parler». Au lieu de lui dire : «Veux-tu arrêter, t’es vraiment fatiguant!»
• Ça me gêne
Un autre petit truc que j’ai souvent utilisé quand j’étais en public et que mon enfant avait un comportement inadéquat ou qu’il me demandait quelque chose que je n’étais pas à l’aise de faire (par exemple aller chercher un deuxième menu à colorier au restaurant parce qu’il n’est pas content de son choix de couleur), c’est de lui dire : « Moi je serais gênée d’aller demander ça » ou « Moi ça me met mal à l’aise quand tu fais [nommer le comportement] parce que ça dérange les autres clients ».
Au lieu d’expliquer de long en large le pourquoi du comment et d’essayer de le raisonner, simplement lui expliquer que je suis gênée ou mal à l’aise. Autrement dit, me respecter et être authentique. Si c’est vraiment le cas, évidemment.
• Ce que j’aimerais entendre, c’est …
Si ta fille te demande d’aller la porter chez son amie comme si c’était un ordre, tu peux lui dire : « Je n’aime pas me faire dire ce que je dois faire. Ce que j’aimerais entendre c’est : Maman, je suis prête à partir. Peux-tu m’amener chez mon amie? » Au lieu de lui dire : « Comment ça il faut que j’aille te porter? Je ne suis pas ton esclave! » Ton enfant voudra d’autant plus collaborer s’il ne se sent pas attaqué, si tu réussis à calmer ton irritation ou ta colère.
• J’ai besoin d’énergie
Quand Roméo était plus petit (autour de 5 ans), j’ai commencé à dire «J’ai besoin d’énergie de maman, donne-moi un câlin», quand il me demande quelque chose et que ça ne me tente pas. Après l’avoir entendu quelques fois, il me la sorti une fois quand je lui demandais d’embarquer sur mon dos pour le transporter : «J’ai besoin d’énergie!» Je ne sais plus trop s’il m’a demandé ensuite un bec ou un câlin, mais en tout cas, il m’a regardé avec le sourire après m’avoir dit ça. Je sais très bien que ça vient de moi. De l’effort que j’ai mis à exprimer, de façon créative, comment je me sentais au lieu d’être négative.
• Utiliser le «Je» au lieu de maman
Une formule beaucoup plus puissante. Je te conseille de toujours parler de toi au «Je» et non en disant «maman», surtout si tu as de la difficulté à être ferme. Cette façon de parler t’aidera à construire une relation plus saine avec ton enfant.
• Je ne changerai pas d’idée
Même si tu me le redemandes, je ne changerai pas d’idée (on se souvient que ce que l’on crie, c’est à soi qu’on le dit. Même chose pour ce que l’on dit et ce que l’on pense!).
• Pour me sentir une bonne maman
Quand j’ai besoin d’aller puiser dans ma fermeté, je me connecte à la raison pour laquelle je dis non et je l’exprime ainsi : Pour me sentir une bonne maman, je ne peux pas… te laisser manger d’autres bonbons.
• S’il-te-plaît…
Quand mon enfant utilise le s’il-te-plaît, je réponds simplement… la vérité!
Non, ça ne me plaît pas qu’on écoute une autre émission…
• Dis-moi pourquoi?
Quand mon enfant revient à la chargea après un non et que je sais très bien qu’il sait pourquoi… Je lui réponds simplement : «Dis-moi pourquoi?» S’il le sait vraiment, ça clôt la discussion. S’il ne le sait vraiment pas, je peux nommer, une dernière fois.
5. Passer à l’action (être en charge)
C’est ton travail de Maman Ourse de passer à l’action et être en charge si ton enfant ne collabore pas. Tu as le droit de partir du magasin, de ne plus prêter tes crayons ou d’annuler la sortie du plus vieux si rien ne fonctionne. C’est souvent l’étape la plus difficile à faire : arrêter les menaces et simplement passer à l’action.
L’important, c’est ton attitude. Si ton enfant sent que tu es réellement de son côté et que tu es en charge, il va collaborer, quitte à le faire en pleurant ou en bougonnant.
Et oui, c’est difficile de faire tout ça! D’être un parent différent de ce qu’on a reçu plus jeune. On vient encore de la génération « je dois obéir à mes parents » et si tu es ici, c’est que tu as une autre vision. Une vision plus respectueuse de l’enfant et de l’éducation. Et ça veut dire te retrouver parfois et même souvent devant une enfant qui va te désobéir et tester tes limites parce que c’est dans sa nature. Et c’est normal, à moins que tu préfères prendre le chemin de la peur et de la menace, et je ne crois pas que ce soit ton cas parce que tu es ici.
Et pour t’encourager, parce que je sais que tu es capable d’y arriver toi aussi, voici un autre exemple de mon Roméo 5 ans, qui réussit à me prouver à chaque jour pourquoi je choisis l’empathie et la connexion.
C’était à l’Halloween et ceux qui me connaissent bien savent que je n’aime pas l’Halloween! Je suis seule avec les deux plus jeunes pour les préparer, les faire souper, s’assurer que leurs costumes (choisis à la dernière minute avec un peu de baboune) sont corrects pour la température et s’assurer qu’on est à l’heure pour rejoindre les amis. Mon chum n’est pas là. C’est une grande zone de sensibilité pour moi, alors je stresse et je ne suis pas agréable.
Et mon Roméo qui me lance : «Maman, c’est une belle journée aujourd’hui!»
Il a tout compris et j’oserais même dire qu’il a tout « ressenti ». Et je suis convaincue qu’il est capable de me lancer cette perche, (il avait 5 ans seulement à cette époque), parce que j’ai réussi à connecter si souvent avec lui alors que tout me poussait à corriger, à m’impatienter ou à fulminer.
Je te souhaite plein de beaux moments de connexion et de collaboration avec tes enfants, pour que tu puisses vraiment sentir que tu retombes, chaque jour, en amour avec eux et que tu deviennes de plus en plus la maman que tu désires être!
Études de case