Exemple de Marie-Josée

Aujourd’hui, une petite amie est venue à la maison. Voici comment ma fille a réagi à sa présence : «Je ne veux pas jouer avec toi, je ne veux pas te répondre, je veux que tu t’en aille plus loin!»

Elle est même allée jusqu’à dire à la maman de son amie qu’elle voulait qu’elle s’en aille!  Un comportement désagréable, surtout que j’ai pris la peine de lui demander avant si elle voulait la voir et qu’elle était bien heureuse que sa petite amie vienne à la maison!

As-tu une idée de ce qui se passe à l’intérieur d’elle pour qu’elle agisse ainsi?

J’essaie de rester à l’écoute de ses demandes dans la mesure du possible mais je ne vais quand même pas dire aux gens de retourner chez eux alors qu’ils se déplacent exprès pour la voir… Et je me connais, si ça continue d’aller dans ce sens je vais juste m’isoler par peur de vivre des journées désagréables avec d’autres!

Je cherche son intention noble là-dedans, mais je ne la comprends pas… la seule chose que j’ai réussi à tirer d’elle après que son amie soit partie est qu’elle n’aimait pas les jeux auxquels son amie voulait jouer…

Réponse de Sonia

Je crois que «l’erreur», c’est de lui demander si elle a envie qu’une amie vienne à la maison. C’est comme si tu te pièges toi-même (et la petite)!

Si elle avait dit non, tu aurais refusé la visite de ton amie? Si elle dit oui, tu ne peux pas ensuite retourner les amies parce que ça te mets dans une situation délicate…

Assurément, ta fille est dans une période où elle veut s’affirmer (s’il y a quelque à chose comprendre dans son comportement, c’est ça, selon  moi). Le fait que tu lui demandes la permission, ça lui donne ce pouvoir. Après, du doit dealer avec! Tu me suis?

Je pense aussi que c’est trop de pouvoir pour elle, dans le cas où c’est plutôt toi qui avait envie de voir ton amie. À moins que tu n’aies pas tellement envie de voir ton amie et que tu l’aies fait par «gentillesse». Ta fille le ressent aussi et elle gère effectivement à sa façon ce pouvoir que tu lui as donné.

Soit tu reçois une amie en visite avec sa fille et tu poses une limite saine à la tienne : « Aujourd’hui, j’avais envie de voir mon amie. Tu n’es pas obligée de jouer avec X mais je m’attends à ce que tu me laisses passer du temps avec mon amie. » Ensuite, tu peux offrir un choix, avoir une certaine souplesse pour que ta fille ne se sente pas piégée et pris au piège.

Soit tu invites une amie à la maison pour ta fille et si jamais ça ne se passe pas bien, tu passes à l’action : On va aller porter X chez elle parce que ça ne se passe pas bien.

Est-ce que ça t’éclaire Marie-Josée?

Exemple de Marie-Josée

En fait, mon amie voulait venir à la maison avec sa fille, passer l’avant-midi, car nos filles ont sensiblement le même âge et que d’habitude, ça se passe bien entre elles pour jouer.

J’ai quand même demandé à ma fille, avant d’accepter, pour savoir si elle avait envie que Maélie (son amie) vienne à la maison jouer avec elle.  Elle m’a dit oui et était très contente… Jusqu’à ce son amie arrive à la maison! Là, elle a commencé à lui dire qu’elle ne voulait pas jouer avec elle, qu’elle ne voulait pas lui répondre , qu’elle voulait qu’elle s’en aille ailleurs dans la maison (par exemple, elle voulait que Maélie soit en haut quand nous étions tous dans la salle de jeu au sous-sol)…

Elle s’est même mise à pleurer parce qu’elle ne voulait pas que Maélie joue avec ses blocs, alors que la petite, elle, avait apporté des jouets exprès pour partager avec ma fille! Je sais que ce sont des comportements normaux mais je ne comprends pas son attitude… En plus, ç’a a duré tout le long qu’elles ont été à la maison. J’en viens à me dire que Maélie lui faisait peut-être trop de demandes et lui imposait trop ses jeux et que ça ne lui plaisait pas… J’essaie de respecter ses limites et de ne pas l’obliger à jouer aux jeux de Maélie, si elle n’en avait pas envie, mais j’ai dû quand même intervenir pour la crise pour les blocs car le partage est une valeur importante et je tiens à ce qu’elle comprenne qu’elle peut prêter et que personne ne va partir avec ses choses.

Tu as raison c’est probablement trop de pouvoir pour elle lorsque je lui demande si elle a envie de voir son amie…

Depuis qu’elle est en âge de faire des choix plus conscients, je lui demande toujours si elle a envie de voir telle ou telle personne, ou je l’avertis toujours à l’avance si on doit la faire garder quand j’ai un rendez-vous… Quitte à l’amener avec moi si elle ne veut vraiment pas.

Je pense que je ne veux pas lui imposer d’être avec des gens avec qui elle n’a pas envie d’être… Est-ce une erreur de ma part? Je croyais respecter ses limites en agissant ainsi mais peut-être que je nuis plus qu’autre chose?

J’aimerais que tu me guides là-dessus, si tu le veux bien.

Réponse de Sonia

C’est à toi de tracer cette limite, en fonction de ce que tu es prête à assumer…

Tu ne peux pas la lasser faire un choix si tu n’es pas prête à assumer la conséquence. Ça, c’est une règle d’or. Sinon, tu lui donnes trop de pouvoir et c’est très insécurisant pour elle.

Par exemple, laisser à ta fille décider si tu vas inviter ton amie et sa fille, c’est une trop grande responsabilité.

Inviter une amie de son âge qu’on peut aller reporter si ça ne va pas bien, c’est ok. Selon moi.

 :^)

Aussi, si tu la places dans une situation dans laquelle elle ne pourrait pas se placer elle-même, ça peut mal tourner.

Exemples :

Lui laisser choisir si elle veut voir des personnes ou pas (c’est elle qui choisit pour toi, concernant ta vie sociale). Lui donner le choix par qui elle veut se faire garder (c’est elle qui décide qui prend soin d’elle).

Tu dois respecter tes limites à toi. C’est elle qui va se mouler à toi. Sinon, c’est trop de responsabilité pour elle. Si toi tu ne veux pas la faire garder par telle personne ou telle personne parce que tu n’es pas en accord avec sa façon de faire, c’est Ok. Mais ce n’est pas à ta fille de choisir ou pas. Si tu juges que tu fais confiance à telle personne pour la garder et qu’elle ne veut pas, tu dois être ferme. Tu peux nommer, mais rester ferme et maintenir ta position (si elle est alignée, cette décision, avec ce que tu veux vivre).

Tu me suis?

En lui donnant trop de responsabilité (choix trop grands pour elle), c’est comme ça qu’on construit un Enfant-Roi. Selon moi!

Réponse de Sonia

Marie-Josée, je pense encore à toi et à ce que je t’ai écrit!

J’ai une image pour t’aider à comprendre ce que je veux dire par : «Placer ta fille dans une situation dans laquelle elle n’aurait pu se mettre elle-même.»

Imagine que tu es au parc avec ta fille. Tu veux qu’elle s’amuse alors tu la prends et tu la montes plus haut sur le module de jeux. Rendue en haut, elle fait un mauvais pas et elle tombe en bas. Tu comprends bien que tu ne peux pas lui en vouloir de s’être fait mal ou de pleurer, parce que c’est toi qui l’as mise là. Si elle était montée toute seule, à son rythme, selon ses capacités (autonomie), elle ne se serait pas mise dans cette situation.

Même chose pour l’autonomie émotionnelle des choix, des décisions, des capacités à s’autoréguler. Si tu la mets dans une position dans laquelle elle ne se serait pas mise elle-même, ça peut mal tourner si toi, tu n’es pas alignée et certaine de ta décision, ou prête à mettre les efforts ou assumer les conséquences.

Pour moi, c’est comme ça que je vois l’autonomie : laisser l’enfant se mettre lui-même dans des situations où il se sent capable et volontaire pour explorer, avec notre soutien au besoin (et vivre des succès et des échecs, bien sûr).

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