Stopper les automatismes

Quand tu utilises un automatisme (sermonner, punir, crier, banaliser, ignorer), tu envois à ton enfant le message que tu n’es pas en charge. Alors il va vouloir te chercher davantage pour te trouver, en pleine possession de tes moyens, en charge de la situation.

Pour commencer à être en charge de la situation, tu dois être capable d’apprivoiser la tension d’une situation et ne plus seulement la subir. On reviendra en profondeur sur comment «être en charge» dans le Module 3 mais pour le moment, saches que pour y arriver, tu dois d’abord être capable de nommer.

Et pour arriver à vraiment nommer ce que ton enfant vis, tu dois être capable de stopper tes automatismes. Tu dois créer un espace de confiance, et non pas contribuer à faire augmenter la tension.

Parce que le plus important, ce n’est pas ce que tu dis et ce que tu fais à ton enfant, mais comment tu te sens quand tu le dis et tu le fais!

Autrement dit, tant que tu vas nommer mais sans avoir appris à stopper tes automatismes, tu n’arriveras pas établir une vraie collaboration avec ton enfant. Tu vas rester dans la tension, sans être capable de basculer dans la connexion.

C’est la première étape et c’est la plus difficile : Faire Stop! Même et surtout si on ne sait pas ce qui va arriver après. C’est plus fort que nous, on a le goût de crier et de le dire, parce que si on ne le dit pas, on a l’impression que rien ne vas changer et que notre enfant ne comprendra jamais.

Arrête, empêche-toi, par tous les moyens, même si c’est super frustrant. C’est ce que j’appelle Créer de l’espace : simplement commencer à arrêter de faire ce que tu n’aimes pas de toi. Et ça commence par retenir des paroles qu’on sait qu’on va regretter.

Qu’est-ce qui arrive si tu ne déverses pas ta colère et ton impatience sur tes enfants? Comme si en déversant ta colère sur eux, tu les forçais à souffrir avec toi. Laisse-les être eux-mêmes, laisse-toi être toi-même et tu verras ce qui arrive. Autrement dit, qu’est-ce qui arrive si tu te forces à transformer un moment d’enfer en un moment de grâce?

Au moins une fois aujourd’hui, retiens tes automatismes (sermon, questions, menaces). Plus c’est difficile et que tout te pousse à exploser, plus c’est nécessaire de le faire.

Qu’est-ce que tu découvres de toi? Qu’est-ce qui se passe si tu arrives à retenir tes automatismes? Si tu arrives à nommer l’émotion de ton enfant? À reconnaître la tienne? À créer de l’espace?

#1 Retiens tes automatismes

#2 Nomme l’émotion ou la situation que vis ton enfant (empathie vers lui)

#3 Nomme ton émotion (empathie envers toi)

Il vient tellement me chercher (et comment rester calme quand même) :

Voici comment j’arrive à tourner le projecteur vers moi quand je sens que mon enfant me cherche et que je veux changer la dynamique. Passer d’un moment d’enfer à un moment de grâce (ou presque).

Rappelle-toi : Le comportement difficile de ton enfant (et surtout la réaction qu’il provoque chez toi) est la clé de la difficulté intérieure que tu vis. Nous y reviendrons plus en profondeur dans le Module 3.

Ta réaction est peut-être : C’est vraiment difficile de prendre le recul, ça vient trop me chercher!

 

Oui! Plusieurs fois dans une journée, ton enfant vient te chercher quand il provoque ton impatience et ton impulsivité. C’est littéralement ça : il vient te chercher… pour que tu sois AVEC lui. Parce qu’il est directement branché sur toi et que si tu ne vibres pas bien, il ne va pas bien.

Donc son travail, puisqu’il est ton meilleur enseignant, c’est de mettre le doigt sur ce qui ne va pas chez toi, en t’exprimant un comportement assez difficile pour que tu n’aies pas le choix de t’en occuper (de lui, de son comportement et surtout de toi)!

Et si la difficulté venait surtout du fait que tu cherches à éviter cet inconfort (provoqué par le comportement de ton enfant) à l’intérieur de toi?

Ton objectif ne doit pas être de ne pas ressentir d’impatience, ni de colère, ni de découragement. Mais plutôt de dire oui : accepter que tu doives « dealer » avec ton impatience et non pas vouloir la faire disparaître, à tout jamais. Plutôt y plonger pour obtenir des réponses.

Quand tu arrives à t’arrêter et vivre cet inconfort avec conscience (laisser monter l’émotion, la ressentir et te la nommer), tu obtiens la clé pour dénouer cette impatience/colère qui monte quand ton enfant « vient te chercher ». En allant voir le besoin qui se cache derrière ton émotion, tu trouves exactement ce sur quoi il faut que tu mettes ton attention pour te transformer et être plus calme dans les situations tendues et difficiles.

Étude de (mon) cas :

Un de mes enfants a régulièrement des comportements que je juge obsessifs :

  • Vouloir couper tous les petits fils qui dépassent sur ses vêtements.
  • Ne pas vouloir changer son manteau d’hiver, même si le printemps est arrivé.
  • Remettre sa chaussure 5 fois parce que le lacet n’est pas bien placé.
  • Replacer 8 fois les couvertures du lit avant de pouvoir dormir.
  • Refuser de mettre une paire de bas parce qu’ils sont usés.

Je te mets en situation : Je reçois des papiers d’impôts, donc liés à l’argent, donc stressants pour moi. J’en profite pour prendre quelques minutes et remettre tout ce qui traînait à ce sujet depuis quelques semaines dans le classeur.

On est en plein dans le « happy hour » du retour à la maison, le plus jeune crie pour de l’aide, je crie à mon plus vieux pour qu’il l’aide, bref, la tension monte.

Et bam! Fiston arrive avec un de ces comportements qui me met, à ce moment, hors de moi : On doit aller couper un de ses ongles qui « accroche ».

Et comme je ne vibre pas bien (on se souvient des rapports d’impôts), je bloque complètement. C’est un non catégorique, dont voici la traduction libre : « Tu ne veux pas que je les coupent avant le dodo le soir, tant pis, là c’est pas le bon moment, endure! »

Je me regarde aller. C’est clairement pas ça que j’ai envie de vivre avec mon enfant à ce moment. Encore moins le type de réponse que je veux lui donner quand il est dans cet état de vulnérabilité.

Je me branche sur ce que son comportement fait monter en moi…

… de l’impuissance …

Ouep. Je fais ensuite 1 + 1 et j’arrive à trouver le fil conducteur entre le comportement de mon fils et les papiers d’impôt : le même sentiment d’impuissance…

Sentiment aussitôt nommé, sentiment aussitôt disparu.

Je sors de mon cerveau rouge et je prends conscience que ma réaction à la demande de mon fils à beaucoup plus à voir avec mes impôts qu’à son besoin à lui…

Redevenue calme, je peux lui offrir un traitement royal, avec beaucoup d’humour et d’amour : direction salle de bain pour prendre soin de ses petites mains. C’est exactement ça le genre de mère que je veux être.

Maintenant, imagine une autre fois la fameuse ligne droite. Complètement à gauche, c’est la Maman Monstre en toi. Complètement à droite, la mère que tu aimes en toi. Chaque fois que tu arrives à stopper tes automatismes et à nommer, les deux points se rapprochent, ils se réconcilient. Le cercle se referme :

Les deux mères existeront toujours à l’intérieur de toi. L’une se nourrit de l’autre pour la transformation. L’idée c’est de les faire cohabiter et non pas d’en faire disparaître une.

« La plupart du temps, les arguments et les explications empirent les choses. Par contre, si on utilise l’imaginaire (nommer) pour offrir à l’enfant ce qu’il souhaite, il sent au contraire qu’on est de son côté. Le seul fait d’avoir quelqu’un qui comprend jusqu’à quel point on veut une chose nous permet de supporter un peu mieux la réalité. »

           – Faber et Mazlish

 

Cette citation, bien sûr, elle s’applique à ton enfant et c’est ce que je veux que tu deviennes pour lui : une MAMAN OURSE.     Quelqu’un qui le comprend tellement qu’il peut mieux supporter la réalité.

Et ce que je veux également, c’est que tu deviennes cette personne… pour toi aussi! Je veux que tu arrives à t’accueillir et te comprendre pour mieux supporter ta réalité.

Et je veux encore plus. Parce que je sais qu’avec la pratique, à force de CALMER LE FEU, non seulement ton enfant et toi pourrez de mieux en mieux supporter la réalité, mais aussi la créer… Et c’est là que ça devient encore plus intéressant.

C’est dans le Module 3 qu’on y parviendra encore un peu plus.